Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Synthèse de la presse : JEUDI 21 DECEMBRE 2006

le 21 décembre 2006

Les Unes des quotidiens :

Bush est prê à envoyer des renforts à Bagdad (Le Monde) Finance la débauche des bonus (Libération) Irak : comment l'argent du pétrole finance la guerre civile (Le Figaro) magasins ouverts le dimanche : la piste du gouvernement (Les Echos) 3600 milliards de dollars de fusions-acquisitions en 2006 (La Tribune) Exclusion Ils vivent dans un camoping (Le Parisien) L'après Poutine a commencé en Russie(La Croix) Mauvais Noël pour les pipoles (France Soir) (L'Humanité).

Les thèmes dominants :

Le bonus des fusions-acquisitions :

Le marché des fusions-acquisitions a atteint le niveau record de 3.610 milliards de dollars dans le monde. L'année 2007 s'annonce encore très active. (12 articles et 2 éditoriaux).

Villepin interrogé dans l'affaire Clearstream :

Le Premier ministre est auditionné aujourd'hui au pôle financier. Les juges veulent savoir s'il était dans son rôle en faisant enquêter sur les listings Clearstream. Lui espère enfin tourner la page. (12 articles).

Autres thèmes : La situation en Irak, la campagne de Ségolène Royal, la crise palestinienne, la campagne de Sarkozy, la candidature antilibérale, la fraude aux Assedic, le rapprochement Le Pen-Mégret, les quotas CO2 pour les compagnies aériennes.

A Signaler :

Politique : Elections présidentielles. A. Brézet édito : « Alain Juppé et Nicolas Sarkozy côte à côte à Bordeaux le jour même où Dominique de Villepin témoigne dans le bureau du juge d'instruction. Dans ce chassé-croisé, comment ne pas voir un signe ? Le fils préféré de Jacques Chirac cautionnant par sa présence les espérances du fils rebelle, cependant que celui qui avait rêvé de l'héritage paie le prix d'une affaire qui aura précipité le deuil de ses ambitions.. Par l'effet d'un autre chassé-croisé, c'est du côté des socialistes que s'installe un début de cacophonie. Alors que l'extraordinaire emballement médiatique qui a suivi la désignation de Ségolène Royal n'a pas produit, dans les sondages, l'effet qu'on aurait pu attendre, la candidate du PS, partie au son de La Marche triomphale, n'aura pas été longue à buter sur ses premiers cailloux. La surprise aura été qu'ils soient semés par François Hollande : curieuse façon, tout de même, d'alimenter le « Désir d'avenir » que de trompeter le grand retour des hausses d'impôts ! L'incident dépasse l'anecdote. Il témoigne de la difficulté dans laquelle se trouvera la candidate lorsque, sur les sujets économiques et sociaux, elle devra conjuguer son atypisme « droitier » avec la nécessité de courir après la gauche la plus à gauche d'Europe.. Paradoxe : sur ces sujets réputés peu favorables à la droite, mais dont les enquêtes d'opinion semblent indiquer qu'ils pèseront lourd dans la campagne, Nicolas Sarkozy pourrait se trouver plus à son aise. Parce qu'il est assuré, lui, du soutien sans réserve de l'UMP. Et parce que, à la différence de Royal, son intérêt partisan coïncide avec son impératif stratégique.. » (Figaro).

La campagne de Ségolène Royal. Ségolène Royal s'en est pris à la droite et à Nicolas Sarkozy, hier, lors d'un débat, près de Strasbourg, en dénonçant ceux qui « découvrent après cinq ans, qu'il y a une France qui souffre, mais qui souffre d'abord par leur faute ». Pendant une heure se succèdent alors des témoignages : le président d'une association de chômeurs, un syndicaliste d'Alsthom, un chercheur du CNRS qui a créé une start-up... Un salarié raconte comment avec ses camarades ils se sont battus contre un plan de licenciement décidé d'en haut, par une multinationale. Les bras croisés, la candidate écoute. « Ce débat doit se poursuivre, souligne-t-elle. C'est cette façon de faire qui nous permettra de reconquérir la confiance de ceux qui se sont éloignés de la politique. C'est comme cela que le peuple français se mettra en mouvement pour faire en sorte que le projet que je porterai corresponde bien à ses attentes. » Royal annonce des orientations pour renforcer la démocratie sociale et sécuriser le travail : création d'un revenu de solidarité active, droit au premier emploi pour tous les jeunes diplômés... Elle dénonce les « licenciements de confort », martelant : « On peut diriger les entreprises autrement que le Medef. Il faudra prouver aux Français, et je le ferai, que le capital sera définitivement plus taxé que le travail. » Puis elle défend une nouvelle vision de l'Etat : « Je veux une puissance publique qui sécurise, protège et accompagne. On entend dire que l'Etat est impuissant. Je refuse ce renoncement. » (Parisien).

La campagne de Sarkozy. Quel est l'état d'esprit des militants ? Les sympathisants de l'UMP voteraient à 82 % pour Nicolas Sarkozy s'ils pouvaient participer à des élections primaires pour désigner le candidat de ce parti à la présidentielle, indique un sondage Ipsos pour « le Point ». Nicolas Sarkozy distance très nettement Michèle Alliot-Marie, créditée de 9 %. MAM réfléchit encore, mais pourrait finalement ne pas se présenter contre Sarkozy. A une écrasante majorité, les militants sont donc derrière Nicolas Sarkozy, bien sûr. Mais s'ils souhaitent la victoire de leur champion en 2007, une partie des adhérents de l'UMP sont inquiets. (Parisien).

Gauche. J-M. Thénard édito : « .. Les comités antilibéraux ont prospéré sur cette dynamique. Et puis... et puis rien. Le retour à l'esprit de boutique et aux trop-pleins d'ego s'est imposé. Lutte ouvrière a reconduit sa candidate éternelle. La LCR a reconduit le sien, soucieux de ne pas se laisser distancer dans l'électorat révolutionnaire. Les collectifs unitaires ont bien tenté, vaille que vaille, de poursuivre leur quête d'une candidature commune. Mais pour le PCF l'union est un combat qui ne vaut que s'il sert ses intérêts. Il aurait pu se grandir, apparaître comme le plus ouvert, le plus unitaire. le plus soucieux de rénover la pratique politique et d'inventer un nouveau rassemblement. Il eût fallu que le parti de Thorez ait une autre histoire et un autre code génétique. Il n'a pas su se transcender et résister à son naturel. A quoi bon l'unité si elle ne sert que l'hégémonie communiste ? L'unité a vécu et les antilibéraux partiront à la bataille de 2007 aussi divisés qu'en 2002.. » (Libération).

FN. Dans toutes les conversations, les élus, de droite comme de gauche, pronostiquent un Le Pen « fort ». Christine Boutin, par exemple, a renoncé à se lancer dans la course présidentielle sur la foi d'une enquête, ni publiée ni sourcée, créditant le finaliste de 2002 de 22 % ! Les émeutes dans les banlieues, la crise du CPE, les squats de Cachan, les hooligans du PSG... « C'est bon pour Le Pen », concluent chaque fois acteurs et observateurs. Pourtant, une présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle est une hypothèse à ce jour moins probable que son absence au premier tour, en raison de sa difficulté à recueillir ses cinq cents parrainages. Et, paradoxalement, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont plus à redouter le second car le premier semble improbable. Pour que 2002 se renouvelle, il faudrait donc à la fois que Le Pen progresse encore et que Royal et Sarkozy soient dans les mêmes basses eaux que Jospin et Chirac. À quatre mois du premier tour de 2007, tout pronostic est vain. Tout laisse à penser que les candidats seront cette fois moins nombreux sur la ligne de départ. Autrement dit, même en cas de chute des deux favoris par rapport aux sondages actuels, la qualification pour le second tour ne devrait guère se jouer en deçà de 22 ou 23 %. À l'inverse, la présence du leader frontiste au premier tour n'a rien d'acquis. Son inquiétude affichée quant à l'obtention de ses signatures laisse sceptiques ceux qui font remarquer qu'il joue la même scène de la dramatisation avant chaque présidentielle. Ségolène Royal n'a pas plus intérêt à l'absence de l'extrême droite. Car les voix populaires et ouvrières iraient sans doute gonfler le score du ou des candidats d'extrême gauche, qui avaient déjà totalisé 10,50 % en 2002. (Figaro).

Bruno Mégret rallie Jean-Marie Le Pen. Savamment mise en scène, hier matin, c'est dans son manoir de Montretout, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), et non pas au quartier général du Front national que Jean-Marie Le Pen a serré la main de Bruno Mégret. Les deux hommes ne s'étaient plus salués publiquement depuis leur spectaculaire rupture de la fin 1998. Tous deux candidats potentiels à la présidentielle de 2007, Le Pen et Mégret ont donc fait leurs comptes : en 2002, ils avaient récolté à eux deux plus de mille parrainages, et surtout les voix de 5 472 430 Français, soit un score de 19,2 %. « Bruno Mégret a vu que la dynamique en faveur de la campagne de Jean-Marie Le Pen était importante. (Parisien).

Economie-social : Fusions-acquisitions. P. Aubert édito : « En sport comme en affaires, la principale caractéristique d'un record est sa nature éphémère. À peine établi, déjà menacé. Celui des fusions et acquisitions, d'ores et déjà enfoncé bien que l'année ne soit pas achevée, ne fait pas exception. Le monde regorge de liquidités à bon marché, les entreprises, ayant digéré leurs excès du tournant du siècle et consolidé leur assise financière, disposent de trésors de guerre propres à faire naître des ambitions. Quant aux fonds d'investissement, qui se sont mis en avant cette année comme jamais, ils lèvent désormais l'argent par dizaines de milliards sans le moindre effort. Les mêmes causes produisant généralement les mêmes effets, l'année 2007 se présente sous les meilleurs auspices. Enhardis par leurs succès, les fonds d'investissement n'ont aucune raison de s'arrêter en si bon chemin.. » (Tribune).

Assurance-chômage. Les partenaires sociaux se retrouvent, cet après-midi, pour une première concertation sur l'assurance-chômage. Les syndicats, qui admettent ne pas en « attendre grand-chose », veulent s'affirmer face aux candidats à la présidentielle. « Faire un état des lieux de l'assurance-chômage en deux réunions, c'est tout simplement illusoire », estime Eric Aubin, membre du bureau Unedic pour la CGT, qui dénonce une « mise en scène orchestrée par le Medef ». Les autres syndicats, qui ont accepté la proposition du Medef de « délibération sociale », ne montrent guère plus d'enthousiasme. Les syndicats viennent pourtant chacun avec leurs priorités : FO veut traiter la question des primo-demandeurs d'emploi, qui n'ont pas suffisamment cotisé pour accéder à l'assurance-chômage. La CFDT pointe, quant à elle, le désengagement de l'Etat, qui fait que seul un demandeur d'emploi sur deux est désormais couvert par l'assurance-chômage. (Echos).

Hôpitaux. Les 35 heures reviennent sur le devant de la scène à l'hôpital. Via un décret à paraître début 2007, le gouvernement va relever le plafond annuel d'heures supplémentaires de 120 à 180 heures, et jusqu'à 220 heures pour les infirmières spécialisées, sages-femmes et manipulateurs radio, ces trois professions représentant moins de 5 % des quelque 800.000 agents. L'inquiétude porte davantage sur la capacité des établissements à payer effectivement ces heures. « Ce n'est souvent pas le cas aujourd'hui », souligne un syndicaliste. Le ministère de la Santé assure « qu'une enveloppe est prévue dans le budget 2007 des hôpitaux ». Bien que favorable à l'assouplissement, Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France, rétorque que « les établissements n'auront pas les moyens de faire face. Certains sont déjà obligés d'emprunter pour assurer les paies de décembre ! » Le risque est de voir les hôpitaux doter encore davantage le compte épargne temps (CET) des agents plutôt que de payer les heures supplémentaires. (Echos).

Europe : Environnement. P. Sengès édito : « Laissé à l'écart du protocole de Kyoto et largement épargné jusque-là par les foudres environnementales, si ce n'est dans certains pays par celles des mouvements de riverains proches des aéroports pour des raisons de nuisances sonores, le monde de l'aérien ne pouvait espérer échapper longtemps à l'effort mené tous azimuts pour lutter contre le réchauffement climatique.. Il n'y a donc rien de choquant à ce que Bruxelles fixe des quotas d'émissions et enrôle à son tour le monde de l'aérien dans son dispositif d'échanges de droits à polluer. Si ce n'est qu'il a fallu, encore une fois, que les acteurs du secteur bataillent fermement pour avoir le même traitement que les autres industries et que les disparités ne soient pas trop flagrantes entre opérateurs de vols intra-européens et compagnies étrangères ainsi qu'entre transporteurs classiques et « low cost ».. L'Europe, qui semble parfois prendre un malin plaisir à pénaliser ses champions face à la concurrence internationale donne, de plus, la curieuse impression de considérer le transport aérien comme une « vache à lait ». En oubliant que, doublement frappé par les problèmes de sécurité et la flambée du pétrole qui représente un quart de ses coûts d'exploitation, le secteur a perdu 41 milliards d'euros depuis 2001 et que, si de premiers bénéfices sont annoncés pour 2007, ils ne représenteront jamais que 0,5 % du chiffre d'affaires... » (Echos).

International : Irak. Pour les besoin de la « guerre contre le terrorisme », le président américain envisage une augmentation des effectifs sous les drapeaux. En annonçant son souhait de remuscler l'armée, le président Bush rompt avec la politique de Donald Rumsfeld, remercié juste après l'échec des républicains aux législatives du mois dernier. L'armée américaine est aujourd'hui à l'un de ses plus bas niveaux, en termes d'effectifs, depuis la fin de la conscription, en 1973. La semaine dernière, le commandant de l'armée de terre, le général Peter Schoomaker, avait prévenu le Congrès que l'armée risquait d'atteindre un point de rupture compte tenu des rotations en Irak et en Afghanistan. Outre une augmentation de l'active, il a réclamé une mobilisation plus facile de la réserve. (Figaro).

Dans un pays en pleine déliquescence, le marché noir du brut, de plusieurs milliards de dollars l'an, nourrit la corruption des officiels et alimente la guérilla. « L'Irak produit environ 2,2 millions de baril chaque jour, explique un expert pétrolier occidental, il en exporte 1,5 million, le reste se partage entre les raffineries et la contrebande, c'est-à-dire à peu près 350 000 barils quotidiens ». Entre le 1er septembre 2004 et le 15 février 2005, pas moins de 1 551 camions partis des entrepôts de Bassora ne sont jamais arrivés à leur destination finale. Le trafic alimente un vaste réseau d'intérêts politico-criminels. La guérilla sunnite tout d'abord, qui bénéficie de l'expérience des anciens saddamistes. L'insurrection capterait entre 40 et 50 % du trafic, soit 2 milliards par an, de loin sa principale source de financement, qui lui assure une survie pendant des années encore. (Figaro).