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Dette USA : une dangereuse fuite en avant

L'accord auquel ont abouti, in extrémis, les dirigeants américains pour relever le plafond de la dette publique des États-Unis va, certes, rassurer temporairement les investisseurs et spéculateurs du monde entier. Mais il va s'accompagner de nouvelles dégradations de la situation des salariés et des chômeurs américains et, surtout, d'une accentuation de la crise systémique mondiale avec l'inflation du dollar dont souffrent si terriblement les Européens et les peuples des pays émergents et en développement.   Le compromis trouvé est accompagné de beaucoup d'incertitudes, si ce n'est que le plafond de la dette pourra être effectivement relevé et que sa principale contrepartie consistera en une baisse de 2400 milliards de dollars des dépenses publiques sur dix ans, principalement au détriment des programmes sociaux comme l'exigeaient les Républicains.   L'apaisement risque donc d'être de courte durée, le bras de fer entre la Maison Blanche et les Républicains se poursuivant, au bord du gouffre, au cours des prochains mois, alors même que la croissance a pratiquement stagné au premier semestre, outre-Atlantique, avec la persistance d'un chômage très élevé, une faible création d'emplois et le recul des salaires réels, tandis que les profits et les trésoreries des grands groupes et des banques explosent alimentant d'énormes spéculations et exportations de capitaux.   Cette situation fait peser une menace sur le monde entier. Elle confirme l'échec des mesures de soutien mises en place et renouvelées depuis le second semestre 2009 avec le maintien de taux d'intérêt très bas pour le financement à crédit de toutes les opérations, indistinctement, qu'elles soient accompagnées de créations ou de destruction d'emplois, qu'elles soient favorables à la croissance réelle ou financière et spéculative. L'énorme création monétaire de la banque centrale des États-Unis (Quantitative easing) pour racheter quelque 1400 milliards de dollars de bons du Trésor, a servi surtout à faire exploser les dividendes et bonus bancaires, soutenir les dépenses militaires et faire s'envoler les exportations de capitaux vers les pays émergents, plutôt que de favoriser la création d'emploi, promouvoir les programmes publics et sociaux nécessaires au développement des capacités humaines avec des investissements socialement efficaces.   Le compromis signé par Obama et son opposition prépare, en réalité, une situation beaucoup plus difficile encore avec le ralentissement de la croissance mondiale due à une austérité généralisée dans les pays avancés et la perspective de nouveaux reculs du dollar. Les dirigeants américains eux-mêmes chercheront à faire supporter la charge de cette fuite en avant par le monde entier afin de soutenir leurs exportations, vers l'Europe notamment dont ils entendent voler la croissance, et de faire accepter une dévalorisation de leur dette extérieure par leurs créanciers, chinois notamment.   Tout cela confirme le besoin de s'émanciper absolument de cette hégémonie américaine avec la promotion d'une monnaie commune mondiale de coopération qui pourrait être construite à partir des Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI dans le cadre d'une profonde réforme de cette institution, comme le proposent désormais la Chine, la Russie et de nombreux États d'Amérique Latine. Cela confirme aussi la nécessité d'une profonde réorientation de l'Union européenne et de la politique de la BCE, au lieu de la rivalité dans laquelle elles sont engagées avec les États-unis pour partager la domination financière de ces derniers sur le monde avec, de ce côté-ci de l'Atlantique, une course aux politiques d'austérité pour rassurer les créanciers sur les marchés finanicers.

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Dette USA : une dangereuse fuite en avant

le 02 August 2011

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