Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Passion et patience de la créativité révolutionnaire Anthologie des travaux théoriques de Paul Boccara

Cet ouvrage, publié chez Delga, collecte des extraits fondamentaux de l’œuvre de Paul Boccara, économiste marxiste de premier plan, décédé le 26 novembre 2017. Paul Boccara, c’est aussi un homme politique, un militant, qui a 60 ans durant milité au PCF et participé à sa direction de façon toujours constructive, critique et stimulante de 1972 à 2002. Ses travaux constituent un apport considérable à la pensée marxiste comme à la vie intellectuelle et politique, tant en France qu’au plan international.

Dès ses premiers textes des années 1960, Paul Boccara élabore la théorie originale du capitalisme monopoliste d’État, émancipée de tous les dogmatismes. Ce sont aussi ses travaux sur les crises et particulièrement sur la crise systémique actuelle, sur les cycles longs et les transformations historiques du capitalisme. Dès 1971, ce sont ses recherches sur une nouvelle régulation. En 1983, il formalise le concept de révolution informationnelle avec ses antagonismes et ses potentialités. Ses travaux, si actuels, pour de nouveaux critères de gestion des entreprises et des services publics exigent de nouveaux droits des salariés. Son projet de sécurité d’emploi et de formation constitue une étape majeure de ses recherches et propositions pour sortir du chômage. Parallèlement, il élabore ses propositions pour une autre création monétaire, un nouveau crédit, ainsi que pour une autre mondialisation et une autre construction européenne. Tandis que le concept d’anthroponomie, qu’il a fondé, formalise un système de relations entre les êtres humains concernant le parental, le travail, la politique, la culture. Il débouche sur ses recherches pour une nouvelle civilisation.

L’ouvrage que nous présentons ici sur l’œuvre de Paul Boccara prétend perpétuer une pensée et une recherche marxiste vivantes et fécondes. Il veut aussi faire vivre et continuer l’action révolutionnaire de Paul, son lien aux luttes, au terrain, à la vie.

I. Etudes sur le capitalisme monopoliste d’État, sa crise et son issue

Cet ouvrage, paru en 1973, réunit des articles publiés depuis la Conférence internationale de 1966 à Choisy-Le-Roi avec notamment l’Introduction de Paul Boccara à la question du capitalisme monopoliste d’État. Dès ses premières recherches, il élabore la théorie de la suraccumulation-dévalorisation du capital, nourrie du Capital de Marx mais aussi de sa connaissance fine de toute l’histoire de la pensée économique sur ce sujet. Il définit les traits principaux du capitalisme monopoliste d’État et le resitue dans les stades historiques du capitalisme. Le capitalisme monopoliste d’État constituerait une nouvelle phase du stade impérialiste ou monopoliste. L’explication théorique de la transformation du capitalisme monopoliste en capitalisme monopoliste d’État (CME), renvoie à la suraccumulation de capital durable, à la longue phase de difficultés et de crise structurelle de l’entre-deux-guerres. Puis à la solution de la dévalorisation structurelle de capital, notamment par le financement public n’exigeant pas la valorisation par le profit. C’est en particulier le financement public de la production, la prise en charge, directe ou indirecte, d’une partie de la valeur des moyens de production par l’État, le capital que représentent ces moyens est ainsi dévalorisé. Les moyens de production, dans la mesure où ils sont publiquement financés, peuvent ne plus réclamer pour eux les profits que réclament les fonds privés. Cela a néanmoins pour résultat l’accroissement de profit des autres fractions du capital total. Les fonds publics ou semi-publics sont prêtés à des taux nettement inférieurs à ceux du marché. Les entreprises publiques ou nationalisées connaissent une gestion très faiblement rentable ou même déficitaire, malgré leur essor matériel. C’est aussi la non-rémunération de l’investissement en travaux publics. Ce sont les secteurs publics ou étatiques de l’énergie, de production, de transports, de financement. Ce sont encore toutes les interventions de l’État, de la fiscalité à la consommation publique avec aussi l’extension des services publics (éducation, santé, logement social, etc.) et la Sécurité sociale, ce que Paul Boccara a pu appeler le capitalisme monopoliste d’État social.

Il repère la crise du capitalisme monopoliste d’État dès 1967. Il place au centre de son analyse sa théorie néomarxiste de la suraccumulation et de la dévalorisation du capital. Il présente de précieuses indications statistiques concernant l’évolution de la composition organique du capital. Il développe les caractères originaux et les perspectives de la crise du capitalisme monopoliste d’État. Il affronte le débat avec les tenants d’un « marxisme » poussiéreux sur la « crise générale du capitalisme ». Il donne des explications et des propositions sur la crise au plan international. Ses travaux sur les crises seront relancés avec la crise systémique de 2008.

2. Sur la mise en mouvement du Capital

Paul Boccara poursuit son analyse du Capital de Marx, ainsi que ses débats avec les marxistes français (L. Althusser, M. Godelier, R. Garaudy). Il situe Le Capital comme un moment dans une recherche inachevée et dans le mouvement historique du capitalisme. Paul Boccara établit la distinction fondamentale entre niveau phénoménal et niveau essentiel de l’analyse. Il précise les concepts de fonctionnement et de développement comme ceux d’essence et de développement du capitalisme. Il affirme, dès ses premiers textes des années 1960, sa volonté de s’émanciper des dogmatismes en cours et notamment de la version soviétique du marxisme plus ou moins imposée qui prédominait alors dans le mouvement communiste. Tandis qu’il dessine l’itinéraire de sa pensée économique, politique et philosophique. Ses recherches pour un marxisme vivant seront actualisées dans l’ouvrage Le Capital de Marx, son apport et son dépassement, au-delà de l’économie, publié en 2012.

3. Théories de la régulation et suraccumulation-dévalorisation du capital

Paul Boccara fonde la première école française de la régulation, dite école de la régulation systémique, dès ses travaux de 1971. Il avance sa définition de la régulation. Il précise les rapports avec les deux autres écoles françaises de régulation : école de Grenoble avec G. de Bernis et école parisienne avec Aglietta et Boyer. La théorie boccarienne de la régulation constitue une continuation et un dépassement de la théorie marxiste, avec des propositions pour une nouvelle régulation systémique.

4. Caractères généraux de l’État capitaliste et de son articulation au mode de production

Il s’agit ici de la reprise du premier article paru dans La Pensée, en janvier- février 1981. Il porte sur la spécificité du pouvoir politique et définit les fins de l’État. Les autres articles : La Pensée, novembre-décembre 1981 « Formes fondamentales de l’État capitaliste et développement de leurs contradictions ». Puis La Pensée, septembre-octobre 1985 : « Critique marxiste de l’État bourgeois et crise du présidentialisme en France ». Enfin La Pensée, janvier-février 1986 : « Théorie marxiste et voies autogestionnaires de la révolution en France ».

5. De nouveaux critères de gestion d’efficacité sociale des entreprises

Paul Boccara a ouvert le chantier si actuel des nouveaux critères de gestion des entreprises et des services publics, en lien avec de nouveaux droits des salariés. Ce chantier fait système avec son analyse en termes de « régulation » économique, pour une autre régulation que celle du capitalisme. Il développe aussi une analyse des institutions, pour une visée révolutionnaire renouvelée, poussant la voie autogestionnaire. Les travaux de Paul Boccara sur de nouveaux critères de gestion se développent dans Économie et Politique et dans Issues dès 1978-1981. Ils s’enracinent dans la nécessité pour les salariés d’investir dès l’entreprise le terrain de la gestion avec des nouveaux droits. Cette préoccupation est présente dans ses premiers travaux et l’utilisation du terme de nouveaux critères de gestion est manifeste dès l’ouvrage Études sur le CME. La victoire de François Mitterrand en 1981 relance avec force pour Paul la nécessité de nouveaux critères de gestion des entreprises au lieu de la vision étatiste et du repli sur la seule politique économique. Cela aboutira à l’ouvrage Intervenir dans les gestions avec de nouveaux critères, 1985. Le cours de Paul Boccara, dispensé à l’université de Paris 1 en maîtrise AES aux salariés en reprise d’études, notamment aux syndicalistes, que nous reprenons ici, a été publié dans l’ouvrage collectif tiré de cet enseignement sous la direction de Jean-Claude Louchart, Nouvelles approches des gestions d’entreprises, Paris, L’Harmattan, 1995. C’est l’occasion pour Paul de préciser l’élaboration de ces nouveaux critères : efficacité des capitaux pour faire reculer la rentabilité financière et économiser le capital matériel et financier. Efficacité sociale : Valeur Ajoutée Disponible (VAd) pour les travailleurs et la population. Critères de coopération sociale : Vad par rapport à la population.

6. La révolution informationnelle, ses ambivalences, ses antagonismes, ses potentialités

Le concept de révolution informationnelle a été avancé par Paul Boccara au début des années 1980, en partant de la théorie de Marx sur la révolution industrielle. La révolution informationnelle est située dans l’ensemble des révolutions technologiques, particulièrement les transformations technologiques en cours. Paul Boccara présente les technologies de la révolution informationnelle et leurs ambivalences sociales. Il y aurait à la fois exacerbation et mise en cause possible de la domination des marchés et des délégations représentatives. Face aux antagonismes de la révolution informationnelle, le dépassement des monopolisations de l’information exigerait des transformations sociales très profondes, et la visée d’une autre civilisation de toute l’humanité. La révolution informationnelle, ce sont à la fois les partages des coûts ou des informations et leurs ambivalences fondamentales. Comme les défis des partages des groupes multinationaux, mais aussi la suraccumulation financière, le chômage massif et la précarité mondialisés. Paul Boccara montre les implications de la révolution informationnelle pour la crise du capitalisme et du libéralisme mondialisé comme aussi pour le début de maîtrises et dépassements possibles des marchés et des délégations représentatives. Avec les partages d’informations de la révolution numérique et leurs ambivalences fondamentales, ce sont ainsi les dérives du système mais aussi les défis de nouvelles interventions publiques et associatives, politiques et culturelles.

7. Une sécurité d’emploi ou de formation

Pour une construction révolutionnaire de dépassement contre le chômage (Le Temps des Cerises, 2002). Le projet de sécurité d’emploi et de formation pour toutes et tous constitue une étape majeure de ses recherches et de ses propositions pour sortir de la crise systémique, en particulier du chômage. Cette recherche vise à répondre au chômage massif et à l’échec des politiques de l’emploi menées, elle s’inscrit dans une issue à la crise systémique pour un progrès de société et de civilisation, comme jadis la Sécurité sociale et même de façon plus audacieuse. Cela se branche sur le développement des luttes et des propositions immédiates, en réponse aux besoins urgents et aux débats concrets actuels sur l’emploi et le travail. Cette recherche a émergé à partir de l’étude de Paul publiée dans Issues en 1996. « Pistes pour des interventions et scénarios pour une sécurité d’emploi ou de formation… ». Ce travail a été considérablement développé dans l’ouvrage de 2002 dont nous reproduisons ici quelques extraits. Paul ainsi que ses disciples de la Commission économique vont remettre sans cesse sur le métier ce travail en relation avec des syndicalistes, des juristes, des sociologues, des militants politiques, notamment les communistes, et aussi les parlementaires communistes, jusqu’à élaborer une proposition de loi « pour sécuriser l’emploi et la formation ». Elle a été présentée par André Chassaigne et déposée à l’Assemblée nationale par le groupe GDR, sous le n° 4413, le 25-01-2017.

Nous publions dans cet ouvrage, des extraits concernant le débat entre réformes conservatrices ou dépassement révolutionnaire du marché du travail. Il s’agit notamment de la deuxième dimension systémique : pouvoirs. Ce serait soit la visée de nouveaux pouvoirs pour l’éradication du chômage. Soit une simple continuité de droits et de nouveaux statuts. Ainsi certains comme Alain Supiot proposent certes un nouveau statut du travail et des droits de tirage sociaux mais sans dépassement du pouvoir de mise au chômage par l’employeur. Alors que Paul Boccara propose des pistes vraiment alternatives.

8. Maîtriser et commencer à dépasser les quatre marchés du capitalisme mondialisé

Nous présentons ici des Extraits de l’ouvrage de Paul Boccara Le Capital de Marx, son apport, son dépassement. Au-delà de l’économie (Le Temps des Cerises, 2012). Ce dépassement des quatre marchés concernerait en premier lieu le dépassement du marché du travail avec une sécurité d’emploi ou de formation. Cela viserait aussi de dépasser les marchés monétaire et financier avec un nouveau crédit et une monétarisation des dettes publiques. Cela concernerait le dépassement du marché des productions avec de nouveaux critères de gestion, un essor des services publics, une refonte écologique et culturelle des productions. Cela viserait le dépassement du marché mondial avec des coopérations et un co-développement. Cela nécessiterait une expansion des services publics jusqu’à des biens communs publics de l’humanité.

9.Théories sur les crises, la suraccumulation et la dévalorisation du capital

Ce livre de Paul Boccara contient la somme de ses travaux menés dès son entrée au CNRS en 1963, sur l’histoire de la pensée économique concernant les théories sur les crises, à l’aune de la théorie de la suraccumulation et de la dévalorisation du capital. Toute sa vie Paul a poursuivi cet immense travail, publié finalement aux éditions Delga en 2013 pour le premier volume, en 2015 pour le second. Le premier volume concerne les théories sur les crises cycliques. Le deuxième volume, les théories sur les crises systémiques, les cycles longs et les transformations structurelles du capitalisme.

Théories sur les crises cycliques depuis trois siècles (premier volume)

Ce sont en premier lieu les théories unilatérales opposées (surconsommationnistes et sous-consommationnistes) sur l’explication de la suraccumulation et des crises, dans tous les courants de l’histoire de la pensée économique. Puis les tentatives de dépassement des analyses unilatérales. Avec les théories dualistes dans les écoles classique, keynésienne, néo-classique. Ainsi que les tentatives dualistes ou même dialectiques des marxistes, de Marx lui-même, et de l’interprétation néo-marxiste de nos jours. Enfin, ce sont les théories sur les issues périodiques des crises capitalistes. Les théories sur la dévalorisation du capital. Les enseignements pour une autre régulation.

Théories sur les crises systémiques, les cycles longs et les transformations structurelles du capitalisme (deuxième volume)

La première partie présente un éclairage nouveau sur les prétendues «Théories de la croissance en équilibre stable» qui prétendent nier les crises. Domar, Harrod, Joan Robinson, Kaldor, Solow.

La deuxième partie porte sur la suraccumulation-dévalorisation du capital de longue période et les théories sur les cycles longs du capitalisme. Paul Boccara élabore une analyse originale des cycles de longue période chez N. D. Kondratieff. Une mise en relation des processus longs de suraccumulation et des défis de la dévalorisation du capital. Il présente et analyse les cycles de longue période dans la pensée économique. En particulier la pensée économique sur les longues phases D du passé. Elle concerne les questions de population, de technologie, de monnaie, de structure et de régulation. Il analyse aussi les débats théoriques contemporains concernant les nouvelles conditions tendant à des altérations ou à des mises en cause radicales possibles de l’existence des fluctuations cycliques longues elles-mêmes. Enfin il révèle de précieuses analyses théoriques marxistes contemporaines sur les longues phases de difficultés et les cycles de longue période chez Dobb, Arzoumanian, Gillman, Boccara.

La troisième partie concerne les dévalorisations structurelles du capital, les transformations systémiques du capitalisme et la crise systémique mondiale actuelle. En premier lieu, Paul Boccara présente les théories de l’état stationnaire et la dévalorisation structurelle du capital, des classiques à Marx. Puis les théories se réclamant du marxisme sur les transformations du système capitaliste (Hilferding, Rosa Luxemburg, Lénine, etc.). Mais il aborde aussi les théories contemporaines sur la crise écologique radicale dans le système capitaliste. Ainsi que les théories sur la révolution informationnelle et sur la progression massive des services. Il présente les théories sur la progression des firmes multinationales, mais aussi les théories sur les biens et services communs de l’humanité et la mise en cause possible du système. Ce sont encore les théories sur la révolution monétaire et les défis de la progression dans le monde des pays émergents. Ajoutons que toujours Paul est branché sur les luttes et la recherche de propositions. Jusqu’à ces toutes dernières années, il a réalisé d’importantes percées théoriques et politiques dans les domaines de la monnaie, du crédit. Ses recherches ont débouché sur des propositions pour une autre mondialisation et pour une tout autre construction européenne.

10. Les dernières œuvres de Paul Boccara : civilisation et anthroponomie

I.Pour une nouvelle civilisation (éditions du Croquant, 2016). Cet ouvrage définit le concept de civilisation à partir de lhistoire de la pensée et d’une grande diversité d’auteurs. Il montre que la crise systémique actuelle du capitalisme mondialisé et financiarisé, bien plus qu’une simple crise économique, est une crise de civilisation. Il analyse la crise de la civilisation occidentale mondialisée, au plan économique et anthroponomique. Il ouvre sur des perspectives de dépassement du capitalisme et du libéralisme mondialisé et avance des propositions pour construire « une nouvelle civilisation de toute l’humanité ». Cela implique notamment des transformations sociétales concernant les rapports entre les hommes et les femmes, les générations et le développement des services publics permettant ces transformations. L’exacerbation actuelle des conflits et des dominations conduira-t-elle à la fermeture et au déclin des civilisations ou au contraire à leur ouverture pour créer une nouvelle civilisation de toute l’humanité ? Les risques d’effondrement sont largement amplifiés par le réchauffement climatique. D’où «la portée systémique radicale des transformations climatiques et de son potentiel de rassemblement des luttes sociales et politiques», des mouvements sociaux et sociétaux, et leurs débouchés pour une nouvelle civilisation possible de toute l’humanité.

II. Neuf leçons sur l’anthroponomie systémique. Avec sa découverte du concept danthroponomie systémique, Paul Boccara développe ses recherches sur les aspects non économiques de la vie humaine. Ce concept d’« anthroponomie » est complémentaire à ses travaux économiques sur la reproduction matérielle de la société. C’est ce qui contribue à façonner, à générer des êtres humains, et à re-générer des générations. Pour comprendre la crise de civilisation en cours et ouvrir des issues, c’est une dimension tout aussi importante que la dimension économique. Paul Boccara livre des outils d’analyse qui permettent à la fois de ne pas réduire la crise et l’ensemble des phénomènes humains à l’économie, tout en articulant léconomie et les autres aspects de la société. Cette théorisation de l’anthroponomie est le résultat de plusieurs décennies de réflexions, jusqu’ici publiées de façon partielle dans des articles ou séminaires. Ce dernier livre de Paul Boccara consacre la cohérence de cette recherche en bousculant des habitudes de pensée courantes. La théorisation anthroponomique trouve sa source dans la continuité et le dépassement de Marx. Dans L’Idéologie allemande, celui-ci dit avoir surtout considéré « le travail des hommes sur la nature », et qu’au-delà des études économiques, il faudrait envisager « le travail des hommes sur les hommes » : ce que Paul Boccara appellera l’anthroponomie. Le travail : l’activité en lien avec le système économique, conduit l’homme à modifier sa propre nature et à développer ses capacités potentielles (l’anthroponomie). Pour comprendre comment les êtres humains développent leurs capacités dans le cours d’une vie et comment ils se re-génèrent de génération en génération, Paul Boccara étend cette conception aux quatre moments de la vie humaine qu’il a identifiés et analysés : moment parental, moment travail, moment politique et moment informationnel. L’ouvrage débouche sur des éclairages nouveaux pour sortir de la crise de notre civilisation : transformation des modèles familiaux, des relations entre générations, transformations du travail, enjeux de la formation, démocratie participative, transmission culturelle héritée des générations décédées et son renouvellement. L’approche systémique de Paul Boccara insiste sur les transformations, le mouvement, la volonté de changer la société. Elle se distancie des approches structuralistes. Profondément marqué par sa formation d’historien, Paul revendique une mise en perspective historique, il recourt à des exemples concernant différents moments de l’histoire et présente des « systèmes historiques typés » identifiables, pour chaque moment anthroponomique. Anthroponomie et économie sont pensées dans leur interrelation, mais ce n’est pas à sens unique ni dans un rapport mécanique. La richesse de l’élaboration théorique renvoie à lamplitude des domaines de connaissances mobilisés, en visant le dépassement de leurs cloisonnements actuels (histoire, anthropologie, sociologie, psychanalyse, philosophie) tout en participant à une recherche en mouvement. Ainsi le « moment travail », que nous avons repris ici, situe le travail dans l’analyse marxiste. Paul Boccara développe sa vision néomarxiste anthroponomique en présentant le travail comme « moment de la regénération humaine ». zzz

 

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