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Affaire Pénicaud : les stocks-options n'ont rien à voir avec l'intéressement des salariés

le 30 juillet 2017

Affaire Pénicaud : les stocks-options n'ont rien à voir avec l'intéressement des salariés

 

Une DRH comme Muriel Pénicaud qui touche des stock-options est-elle une cadre salariée comme les autres ?

Frédéric Boccara Non. D’ailleurs, à côté de ses responsabilités chez Danone, elle siégeait dans les conseils d’administration de grandes entreprises comme Orange, et elle a été directrice générale de Dassault Systèmes, c’est-à-dire patronne. Tout autre chose serait une gestion des ressources humaines qui considère l’emploi comme une ressource à développer du point de vue des qualifications et des salaires. Certes, Muriel Pénicaud n’est pas milliardaire, mais elle est intégrée au capital. C’est comme cela que la grande bourgeoisie se renouvelle ou fabrique ses grands commis.

En quoi ce type de rémunération diffère-t-il de celui des autres salariés ?

Frédéric Boccara On voudrait nous faire croire que c’est un peu d’intéressement en plus du salaire. Mais quand on atteint ces proportions, ces revenus sont essentiellement du capital. Et c’est antisocial, dans la mesure où ils échappent pour l’essentiel aux prélèvements sociaux. Cela n’a rien à voir avec le petit salarié qui essaie de contourner les difficultés de son pouvoir d’achat en profitant d’un peu d’actions. On a affaire à un gouvernement de classe.

Existe-t-il des instruments législatifs pour lutter contre les licenciements boursiers ?

Frédéric Boccara En 2001, une loi avait été votée à l’instigation des communistes après les mobilisations contre la fermeture des usines LU chez Danone, mais la droite l’a démolie. Cette loi donnait une définition plus stricte du licenciement, qui n’était autorisé que lorsqu’on avait cherché à supprimer auparavant tous les coûts autres que salariaux. Elle donnait aussi un pouvoir de contre-proposition aux travailleurs. Mais elle ne donnait pas de moyens financiers alternatifs mobilisant les banques. Si Danone réclame un taux de rentabilité à deux chiffres, c’est parce qu’il a des actionnaires à satisfaire. L’ordre du jour n’est donc pas de détruire le Code du travail, mais de créer des pouvoirs pour produire et utiliser autrement la valeur ajoutée, ce qui participe de la bataille pour une autre mondialisation et pour des relocalisations maîtrisées.

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